Il était cinq heures de l'après-midi, dans Melvill Street à Oak Park, banlieue Ouest de Chicago, quand les pneus neufs crissèrent sur les graviers devant le pavillon des O'Brien.

April O'Brien coupa le contact et poussa la portière en soupirant, fourrant sans ménagement le trousseau de clés brillantes dans la poche arrière de son jean.

Elle rentrait de l'université de Chicago, où elle étudiait les langues étrangères, elle avait du arpenter les vieux bâtiments de la fac,

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toute la journée pour changer de salle selon ses cours, tout en évitant le très populaire Cooper Dane qui lui avait encore demandé pour la cinquième fois de l'accompagner à la fête de LA fille à ne pas manquer, l'insupportable, superficielle et hautement charismatique Trisha Hayes.

Parfois, elle bénissait la sonnerie de fin des cours. Encore une journée comme les autres. Une enfilade d'heures vides et pénibles...

Elle s'avança devant le pavillon. Une belle et riche bâtisse aux tons crème et marrons, bordée de pelouse verte fraîchement tondue, de grands arbres, de buissons touffus, dotée d'une allée en bitume gris clair, d'une entrée surelevée par un escalier et ombragée par une avancée du toit inférieur.


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Une jolie maison. Le genre où l'on aurait bien imaginé une famille normale, heureuse.

* Aurait . * se dit stoïquement April.

En effet, fille unique de Ray et Lisa O'Brien, tous deux responsables d'une ligne d'agence touristique mondiale et perpétuellement en voyage d'affaire pour Paris, Londres, Moscou, New-York, ou Tokyo, April vivait quasiment seule depuis l'âge de 12 ans. Elle avait été - comme elle se le disait souvent - élevée à distance par des parents fantômes. Par mail, téléphone, courrier...Rarement là pour ses anniversaires, ils lui envoyaient tout les ans un cadeau qu'ils commandaient dans l'Illinois depuis leur sièges sociaux dans le monde. Pour ses 13 ans ç'avait été un gigantesque écran plasma home cinéma , pour ses 14 ans , tout une collection de parfums de luxe, à ses 15 ans une parure de bijoux en diamants, 16 ans, une énorme chaîne hifi, à 17 ans une croisière aux Bahamas avec son petit ami du moment - elle s'était d'ailleurs empressée de se débarrasser des billets en les offrant à une amie, sachant très bien combien ça aurait fait plaisir à ce crétin-là - à 18 ans, le renouvellement total de sa garde robe par des grands couturiers ( elle n'avait d'ailleurs jamais ouvert les tonnes de cartons qui traînaient encore au grenier ) et maintenant à 19 ans, c'est à dire depuis une semaine, une nouvelle voiture.
Ils n'étaient, à vrai dire, jamais là et les seuls Noëls qu'ils passaient en famille, ils la traînaient parée et pomponnée dans des grands restaurants pour en mettre plein la vue à leurs ami en organisant de gigantesque réceptions.

April détestait ça. Ce mode de vie la dégoûtait bien plus qu'autre chose.

Elle se dirigea vers la boîte aux lettres portant l'estampe dorée " O'Brien".
Elle l'ouvrit plus par habitude que par réel intérêt.

Une carte postale. Elle la prit . Elle haussa un sourcil en jetant un coup d'œil du côté glacé. L'opéra de Sydney brillait devant la ville éclairée de nuit.
Elle la retourna pour lire la face cartonnée :

" Chérie, nous espérons que ton cadeau t'a plu et pensons peut être rentrer cet été. Bisous. Maman ".


* Ben tiens...*

Elle secoua la tête. Ils ne changeraient jamais. Elle relut encore la ligne : " nous espérons que ton cadeau t'a plu ".

Sans lâcher la carte, elle leva les yeux vers le coupé cabriolet Lexus argent.

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Elle haussa les épaules.

* Une voiture ça reste une carrosserie, un moteur et quatre pneus....*

Elle aimait bien son bon vieux pick-up tout cabossé qu'elle avait acheté dès qu'elle avait eu son permis. Mais en le voyant , Noël dernier seulement, sa mère avait crié au scandale soi-disant que " ce n'était pas une voiture digne d'une jeune fille distinguée"et qu'elle avait intérêt à s'en séparer rapidement.
Résultat, elle avait été forcée de le revendre à un garage et n'avait pas eu le choix que d'accepter ce nouveau carrosse flambant neuve importé tout droit d'Europe rien que pour elle.

Mais elle ne l'aimait pas. Comme elle n'aimait pas sa vie.
Ses parents et surtout sa mère l'auraient voulue élégante, raffinée, toujours pimpante et manucurée, aimant les belles choses extrêmement coûteuses.
En réalité, April était du genre simple et sans histoire, naturelle, totalement opposée aux artifices, et attachée à ce qui lui ressemblait.
C'est à dire, tout sauf une vie de princesse.

Elle rejetait surtout ça parce qu'elle en voulait à ses parents de n'être jamais là. Elle aurait aimé avoir une mère à qui raconter ses histoires de cœurs et ses états d'âme et un père avec qui bricoler, ou aller voir des matchs de baseball.
Manque de chance elle avait une mère surbookée et terriblement futile, et un père homme d'affaire toujours fourré dans ses dossiers et ses réunions qui la couvraient d'argent et de cadeaux pour racheter leur absence. Elle avait bien conscience qu'ils faisaient aussi ça pour elle, pour lui offrir une belle vie mais elle aurait largement préféré de vrai parents à des millions de dollars.

Enfin bon, elle n'avait pas trop le choix. Elle ne refusait pas les cadeaux mais plaçait l'argent sur un compte en banque et offrait pas mal de choses chères qu'elle trouvait complètement inutiles à des œuvres de charité ou les revendait pour s'acheter du matériel d'escalade.

L'escalade...ça ça lui plaisait. Quand elle grimpait, elle avait toujours l'impression qu'elle allait découvrir autre chose, un lieu entièrement différent à ceux qu'elle connaissait maintenant par cœur. Elle adorait cette sensation et se prenait parfois à rêver qu'elle découvrirait un autre monde une fois au sommet. Cela la motivait plus que tout, même si c'était idiot.

Bien sûr, elle avait pris grand soin de cacher cette passion à ses parents qui, préférant 1000 fois la danse, le golf ou le tennis, auraient immédiatement pris leurs grands airs pour lui annoncer qu'elle devait " arrêter tout de suite de faire l'enfant et abandonner sur -le-champ cette discipline barbare inconvenante pour une jeune fille de bonne famille".

Elle soupira de plus belle en déverrouillant la porte d'entrée, jetant sans grand état d'âme la carte de Sydney sur le meuble de l'entrée ou s'entassaient les courrier exprès de ses parents, accrochant sa veste au porte manteau, envoyant ses tennis beiges banales voler vers le placard, déposant son sac près du grand tapis persan , attrapant une barre de céréales dans sa poche et s'installa dans le grand canapé, pied croisés, posés sur la table basse en verre.

Elle alluma la télévision. Les infos venaient de finir et une voix nasillarde annonçait la publicité Elle zappa. Friends. Une rediffusion d'épisode vus et revus. Elle attendit quelque secondes pour connaître le programme sur ABC. Newport Beach.

* Pitié....*

Elle éteignit l'immense écran qui faisait paraitre Misha Barton encore plus stupide et mièvre que d'habitude et se tourna vers la table d'appoint importée de Thaïlande où se morfondait un roman que lui avait offert une amie de sa mère pour son anniversaire.

Elle en lut la quatrième de couverture.

" Jessie est une jeune fille pleine d'entrain et au caractère de feu. Entourée de tous ses amis, et reine du lycée, elle se retrouve pourtant complètement perdue depuis l'arrivée de ce mystérieux Marc...Un jeune garçon sérieux, calme et terriblement séduisant. La fougueuse Jessie saura-t-elle conquérir le timide Marc Owens ? "

April grimaça en levant les yeux au ciel , alla prendre son sac de cours et se leva pour aller rejoindre sa chambre au troisième étage, ne manquant pas au passage d'envoyer dormir le "roman" à l'eau de rose dans un grand carton plein de bêtises du genre qu'adulait sa mère.

Elle grimpa les marches quatre à quatre, poussa la porte de sa chambre et vida le contenu de son sac sur son grand lit rose king size - quelle horreur !- pour dénicher son agenda , espérant trouver une dissertation ou un devoir à rendre qui l'occuperait. Non, elle avait déjà tout fait.

L'air las, elle envoya à terre tout ce qui se trouvait sur lit et se laissa mollement tomber en travers du matelas.

* Je m'ennuie...*

Elle aurait tout donné à cet instant pour que quelqu'un, quelque chose, quoi que ce soit vienne un peu bousculer cette déprimante routine.

" S'il vous plaît, là-haut...Si quelqu'un m'entend...J'en ai marre...! "

Elle laissa sa tête ballotter sur la grosse couette rose bonbon.


( dsl de la longueur mais je devais planter le décor )

Zephiro vagabondait, euphorique... Belle fin d'après midi. Le Démon avait rencontré des gens charmants, vraiment charmants... Tout d'abord, un jeune homme avec un visage relativement mignon. Zephiro l'avait détaillé d'un œil critique et une fois que l'humain eut disparu de son champs de vision, le Démon s'empressa de troquer son "déguisement" de vagabond pour prendre l'apparence de celui qui, il l'apprendrait plus tard, s'appelait Dane Cooper.
Se pavanant sous forme humaine, il avait ensuite croisé une bombe blonde qui lui avait littéralement sauté dessus. Pas mécontent, Zephiro se laissa un instant faire. Cette fille aux manières plus qu'exagérées avait des formes plus que correctes pour une jeune humaine.
Et il ne fut pas dur pour le démon d'utiliser son nouveau physique à son avantage pour séduire la blonde. Elle était belle mais qu'elle était superficielle. Elle jouait les princesses, cette petite Trisha Hayes, mais elle allait voir ce que c'était d'aguicher les hommes sans vraiment savoir qui ils sont...

Le Démon s'arrangea pour se faire inviter chez elle. La maison était vide, hormis un chien gueulard, c'était une chance !
Là, il l'épuisa sans vergogne, la mordait, la griffait... Extase et douleur, quel subtile mélange...
L'instant fut intense mais court. Et il repartit comme il était venu, comme un souffle.

A présent, il marchait le long d'une avenue bordée de saules. Zephiro avait de nouveau changé d'apparence, il était devenu un jeune homme élancé, aux cheveux noirs éméchés, vêtu de cuir, style gothique.

Il lui fallait quelque chose pour la soirée. Un nouveau divertissement. Cette fille n'était pas intéressante en fin de compte. Pas assez rebelle, trop superficielle. Pas intéressante.

Soudain, quelque chose l'attira... inexorablement. Il s'arrêta, tourna la tête. Le démon était arrivé auprès d'une belle demeure. Dans la cour était garée une voiture plutôt luxueuse, d'après ses connaissances en matière humaine.
Mais ce n'était pas ça. Une sensation de détresse...
Il leva la tête vers une fenêtre, au troisième étage. Là, quelqu'un appelait...
Un infime sourire se dessina sur ses lèvres pâles. Il s'avança en direction de la demeure. Chaque pas faisait crisser les graviers sous ses bottes de cuir. Il n'aimait pas trop les gothiques mais appréciait leur style vestimentaire car il était proche du sien... enfin... proche et très éloigné à la fois. Psychologiquement... ils étaient typiquement humains. Les sataniques, il détestait. Ces hommes qui essayaient de se faire démoniaques... pitoyable. S'ils savaient...

Il arriva au perron et en gravit les marches. Était-elle seule, cette âme en détresse ? Qu'importe. Zephiro sonna à la porte, un éclat malin dans les yeux. Une idée... Ca promettait d'être très intéressant. Il ne perdrait pas grand chose, au pire son honneur... ou peut-être la vie ? Mais il pouvait gagner beaucoup.

April laissait le vide le plus total envahir sa tête, couchée en travers de l'énorme matelas quand elle entendit sonner au rez-de-chaussée.

Elle passa une main sur son front, en soufflant.

* Encore le facteur ou une livraison débile..*

Elle jeta un coup d'œil par sa fenêtre mais n'aperçut pas la camionnette du facteur.

Elle attrapa un gilet qui traînait sur le dossier de sa chaise de bureau, l'enfila et descendit les escaliers sans trop se presser jusqu'à l'entrée.

- " Si c'est Cooper qui me harcèle encore, je lui fait avaler tout ce qui qui me tombe sous la main "

Elle ouvrit la porte.

A sa plus grande surprise, ce ne fut pas l'arrogant et crâneur et si athlétique Dane Cooper qui se tenait sur le perron mais un garçon vêtu de cuir noir et de chaînes argentées, aux mèches sombres qu'elle ne connaissait pas.

Elle haussa un sourcil et fronça l'autre, avec un air à la fois méfiant et exaspéré :

- " Oh...Bonjour...Vous désirez....? "

Elle rencontra le regard du jeune homme et sentit alors une sorte de frisson inexplicable comme si...ce garçon n'était pas un garçon normal. Elle avait une sorte de pressentiment. Mauvais ou pas ? Elle n'aurait pu le déterminer mais elle sentait le long de son échine comme une poignée de neige qui se serait glissée depuis sa nuque. Elle rajusta le gilet sur son débardeur blanc, essayant d'ignorer cet étrange effet et de paraître un peu plus avenante.

Elle esquissa un sourire poli, attendant la réponse à sa question.

Zephiro avait attendu une minute, deux tout au plus. Elle avait été rapide...
La porte s'ouvrit sur une jeune femme aux yeux verts, ce fut la première chose que distingua le Démon : ses yeux. Bien sa vision s'élargit au visage, cheveux puis corps tout entier de la belle, s'attardant un instant sur son expression mi-méfiante, mi-exaspérée. L'habitude des visites ?
Le gothique jeta un bref coup d'œil par dessus l'épaule de la fille. Rien. Pas un mouvement ni un bruit. Il n'y avait personne.

Ses yeux gris électriques se tournèrent automatiquement vers l'Humaine quand celle-ci lui demanda la raison de sa visite... d'une façon si lasse...
Le coin de la lèvre du Démon se souleva très légèrement alors que ses yeux se plissaient tout autant.

"Puis-je entrer ?" demanda-t-il tout en fixant la fille.

Il esquissa un pas vers l'entrée, s'arrêta dans son élan.

"Je crois... que j'ai des choses qui pourraient vous intéresser..." fit-il d'un ton calme, mystérieux, accompagné d'un sourire et d'un regard qui en disaient long... Il savait beaucoup de choses. Des choses qui pouvaient lui ouvrir beaucoup de portes...

-"Puis-je entrer ? " demanda le jeune homme tout en s'avançant.
Je crois... que j'ai des choses qui pourraient vous intéresser..."

April eut un petit rire étonné, la sortant de sa torpeur et effaçant son air renfrogné.

Ce type là était gonflé ! Entrer et puis quoi encore ?

- " Bon, au moins c'est direct ! C'est pas souvent que les gens demandent à rentrer comme ça... Bien tenté. Mais non. C'est moi qui sort." fit-elle tout en se glissant dehors et en refermant la porte derrière elle.


- "Des choses intéressantes, vous disiez donc....?"

Elle l'invita à s'asseoir sur la terrasse en bois de la maison, devant la cuisine, parmi les fauteuils d'extérieur en rotin, disposé autour d'une petite table basse.

- "Une orangeade ? "

Sans attendre la réponse, elle se dirigea vers la baie vitrée qui donnait sur la cuisine, l'ouvrit et attrapa une bouteille de soda dans le frigidaire et deux verres, tout en prenant garde au dessus de son épaule à ce que l'inconnu ne s'invite pas.

Elle ressortit sur la terrasse avec un plateau, refermant la porte fenêtre derrière elle et vint poser le plateau tout en demandant :

- "Alors laissez-moi deviner : vous vendez des appareils électroménagers in-dis-pen-sable ? Ou du parfum pour l' industrie cosmétique ? "

La jeune fille s'interposa et répondit que c'était elle qui sortait. De nouveau, Zephiro sourit. Elle semblait avoir du caractère, c'en était encore plus intéressant. Sans protester, il la suivit vers la terrasse.
Le Démon s'installa dans un des fauteuils et n'eut le temps de demander ce qu'était un orangeade, voila que l'Humaine était déjà dans la maison. Il haussa les épaules et s'appuya dans le fond du fauteuil en l'attendant.

La jolie revint avec un plateau sur lequel était posé deux verres remplis d'un liquide orange au parfum légèrement acidulé. Zephiro releva les yeux vers la fille quand cette dernière demanda en gros pour quelle bricole à vendre il était venu.
Un sourire rusé se dessina sur ses lèvres pâles.

"Je n'ai rien à vendre, juste quelque chose à vous proposez."

Le Démon se redressa et s'empara d'un des verres, observa un instant son contenu. Poison ? Rare chez les Humains. Il n'avait rien à craindre.

"Une sorte de jeu, pour être exact."

Il porta le verre à ses lèvres et avala une gorgée lentement pour pouvoir soutirer le plus d'informations possibles concernant la boisson. De l'eau... du sucre... des trucs dégueux... de l'orange. Ah oui... orangeade, orange. Logique. C'était à la fois sucré et acide. Plutôt bon.
Il reposa la verre sur la table basse, releva les yeux et fixa l'humaine.

"C'est très simple. Tu vois cet anneau ?"

Il leva sa main à la hauteur des yeux verts de la fille, retira l'anneau de métal.

"Si tu arrives à me le prendre du premier coup, tu gagnes. Dans ce cas, je t'obéirais pendant 24h à partir de ce moment. Si tu perds, c'est moi qui commande pendant 3h."

Ses yeux pétillaient. Il avait une idée en tête.

"Alors ?"

April eut une sorte de recul. Ce type paraissait tout bonnement cinglé...
Et elle aimait bien les cinglés. Elle était de ceux qui se disent que les gens "allumés" ne sont parfois pas plus sains d'esprit que certaines personnes "normales".

- Ok, t'es quoi au juste ? Un génie ? - elle rit légèrement devant sa propre bêtise.

Elle regarda l'anneau avec attention sans pour autant y toucher.

- Encore un de ces trucs paranormaux bizarroïdes ?

Encore une fois, ça tombait bien. Elle aimait beaucoup tout ce qui pouvait sortir de l'ordinaire...Mais " obéir " ? D'où pouvait bien venir cette idée saugrenue ?

Elle eut un petit sourire. Décidément, ce gars là lui était plutôt sympathique.

Sans abandonner sa prudence, elle chercha du regard les yeux de l'autre et déclara :

-Après tout, je n'ai rien à perdre. J'accepte de jouer mais à une condition : tu me dis exactement qui tu es, d'où tu viens, et pourquoi tu es là. Et pas de mensonge ou j'annule tout.

Le démon but une nouvelle gorgée de l'orangeade. C'était un fait : il aimait bien ça. Il reposa son verre puis se réinstalla au fond du fauteuil, appuyant son coude sur l'accoudoir avec nonchalence, croisant les jambes.

"Je ne suis pas un génie, c'est tout."

Son sourire s'agrandit.

"Je ne te dirai rien de plus car je ne t'ai rien demandé. Tu pourras soutirer de moi autant d'information que tu le souhaites une fois que tu auras gagné."

Car s'il lui relevait qu'il était un Démon, qu'il s'agissait d'une fausse apparence et tout ce qui va avec, elle risquait de refuser le jeu.
Zephiro porta son doigt à sa bouche et en suçant le bout. Il restait quelques particules de sang séché de l'autre gamine... comment elle s'appelait déjà ? Ah oui... Trisha Hayes...
Rien qui d'y repenser, un sourire psyle se dessina sur ses lèvres. Il savait déjà ce qu'il allait faire de cette fille en face de lui. Rien de bien méchant... oh non... Elle y gagnerait peut-être beaucoup. Ça ne dépendrait que d'elle.
Laissant son doigt tranquille, il reposa les yeux sur sa charmante hôte.

"Verdict ?"

April se cala un peu plus dans son fauteuil, bras croisé.

Elle ne l'aurait pas comme ça, celui-là. C'était limpide.

Bon, alors elle avait le choix entre rentrer chez elle et laisser ce type avec son anneau pour revenir à son habituelle et désespérante routine ou rester là, accepter ses règles et tenter de pimenter un peu son existence. Un peu ? Savait-elle où elle mettait exactement les pieds ?

* Oh et puis zut. Je tente. Tant pis. *

Elle regarda l'inconnu avec un sourire malicieux et lui tendit la main vers celle qui ne tenait pas la bague d'argent en soufflant :

- "Advienne que pourra."

Un sourire entendu s'étira sur les lèvres du Démon. Il attrapa la main de la fille et l'attira vers lui, la décollant de son fauteuil.

"D'accord" souffla-t-il "C'est parti !"

Il tendit la main devant lui, l'ouvrit paume vers le ciel. En son centre : l'anneau. Il l'observa un instant avant de relever les yeux vers l'Humaine.

"Une seule chance. Prête ?"

Un éclair passa dans ses yeux gris. Il savait ce qu'il aurait à faire. Ça promettait d'être très interessant.
Dans tout les cas, il y gagnait...


[bon, c'est court mais j'avais pas grand chose à dire. Pour ton prochain poste, tu peux attraper l'anneau, il te "laissera" gagner]

April fut plutôt surprise quand il l'extirpa de son fauteuil.

Le jeu commençait. Il lança l'anneau.

Plus par chance que par agilité, elle toucha l'anneau et sa main le happa au vol.

Elle replia le bras, étonnée d'avoir réussi, et regarda celui qui lui faisait face en ouvrant la main pour montrer le bijou :

- " Bien..On dirait que j'ai un nouvel esclave personnel. " fit-elle en souriant.


( court aussi dsl, j'attends de voir ce que projette notre ami Zephy ^^)

Haha !! Ça avait été si simple... Le jeu allait enfin commencer. Oui, ça paraissait stupide qu'un Démon perde à ce jeu. Mais Zephiro avait une toute autre idée derrière la tête.

Il hocha doucement celle-ci.

"T'as gagné, je tiendrais mon engagement."

Il releva la tête vers le ciel pour observer le soleil. On était en automne, fin d'après midi.

"24 heures..."

Le Démon rabaissa les yeux pour les ramener sur l'Humaine.

"Donnes un ordre, j'exécute."

Un sourire malin, calme.

April n'était pas fâchée d'avoir réussi au jeu.

- A la bonne heure !

Il était temps de faire connaissance.

- Maintenant tu pourras peut être me dire qui tu es, ce que tu attends de moi exactement, et d'où tu viens. Déjà si tu réponds honnêtement à ça, ce sera bien.
Alors ?



( pffiiioou, je fais pas dans le long ajd :s )

Zephiro se cala dans son fauteuil, calmement et regarda l'humaine. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il ne daigne répondre.

"Je m'appelle Zephiro, je suis un être non humain et je ne viens pas de la planète Terre."

Voici une façon bien singulière de répondre à la question, il fallait l'admettre. Mais il disait la vérité.

"Comment dois-je t'appeler ?"

Il voulait pouvoir mettre un nom sur ce jolie visage...
Le Démon se redressa, attrapa le verre d'orangeade à moitié vidé et le termina d'un traite. Frisson. Il aimait cette sensation.
Satisfait, il reposa le verre et se réinstalla.

Le sourire du gothique s'élargit, il était à la fois amusé et avait quelque chose de mauvais.
Zephiro se leva.

"Tu tiens vraiment à le savoir... April...?"

Il s'approcha d'elle, se pencha. Il s'agenouilla à côté d'elle, de façon à ce que sa bouche sous toute proche de l'oreille de la jeune fille.

"Je suis un être surnaturel, doté de pouvoirs et d'un sadisme à tout épreuve. Les Humains nous nomment communément "Démons"."

Il marqua une pause, sentant le souffle de la jeune fille sur sa joue. Son sourire s'agrandit encore un peu davantage.

"Je ne viens pas de ce Monde."

April ressentit à nouveau cet étrange frisson. Il paraissait dire la vérité.
Mais alors, les démons existaient-ils vraiment ?

Apparemment, oui. Zephiro en était la preuve.

April était un peu folle au fond, beaucoup auraient déjà fuit en hurlant. Mais elle ne ressentait pas exactement de peur devant Zephiro. Non, elle était attirée, fascinée par cet être étrange et particulièrement intéressée par ce qu'il lui racontait.
Avait-elle tort ? Elle n'aurait su le dire.

Loin de s'effrayer de cette révélation des plus atypique, elle se laissa glisser du fauteuil pour se retrouver à la hauteur de son interlocuteur et souffla :

- "Peux-tu voyager ainsi sur beaucoup de planètes ?"

Son regard vert pomme rencontra celui, magnétique, du démon.

- "Montre-moi d'autres mondes..."

Le Démon observa la jeune fille. Elle était vraiment très intéressante. Et en très peu de temps il avait su capter son attention sans la faire fuir. Il avait vu juste. Il plissa légèrement les paupières. Cette Humaine semblait bien sûre d'elle. Il espérait qu'elle ait une montre sur elle autrement elle aurait de bien mauvaises surprises.

"Tu n'as pas peur ?" demanda-t-il simplement.

Bien entendu, la demande d'April était formulée telle un ordre, il n'allait pas s'y soustraire mais... n'allait rien lui dire à propos de ces lieux parallèles ni du danger qu'elle courait. C'était d'autant plus intéressant pour lui qu'il pourrait en faire ce qu'il en voudrait ensuite. Il avait tout à gagner.
Zephiro approcha sa main de sa douce joue de l'Humaine et la caressa du bout des doigts.

"Où souhaites-tu aller ?"

Que ce démon lui réservait-il ?

* Peu importe. Vu ma vie ici, je préfère encore visiter l'enfer. Il dit être sadique...Qu'attend-t-il de moi ? *

April eut un petit rire feutré. Elle attrapa doucement la main du démon pour l'éloigner de sa joue et murmura, gardant ses yeux rivés sur les siens :

- Que dois-je craindre de toi, Zephiro ?

Zephiro ricana doucement.

"Tout. Je suis un Démon, pas un Ange ni un Humain. Mais je t'obéirais. Évite seulement de nous faire croiser ceux de ma race car contre eux, je ne pourrais pas grand chose..."

Il jeta un regard aux alentours. Il y avait des haies autour de la propriété. Elles étaient assez hautes, c'était suffisant.
Le gothique se leva et délaissa son apparence humaine pour reprendre la véritable, celle de Démon. Ses longs cheveux carmins descendant en cascade dans son dos, son visage d'une harmonie incroyable...
Il portait un tatouage rouge sur l'épaule droite. Ses oreilles étaient pointues, comme les elfes dans les histoires de Tolkien.
Il était torse nu pour ne pas gêner ses ailes s'il les faisait apparaitre et son pantalon était en cuir de dragon, à la fois souple et solide.

Ses yeux sang, assimilables à ceux d'un reptile, retombèrent sur April.

"Il y a une infinité de possibilités. Mais nous avons le temps... Pourquoi ne pas commencer par ton Monde ? Il est surprenant je trouve..."

- "Tout. Je suis un Démon, pas un Ange ni un Humain. Mais je t'obéirais. Évite seulement de nous faire croiser ceux de ma race car contre eux, je ne pourrais pas grand chose..."

Zephiro se transforma sous ses yeux en un véritable dieu vivant. Un dieu du mal visiblement.
April sourit. Il était superbe. Effrayant, elle ne pouvait le nier, mais superbe.
Elle ne se montra pas plus ébahie que ça par la forme nouvelle de son hôte.

- "Je savais que tu cachais quelque chose..." .

Elle réfléchit quelques secondes.

-"24h, tu dis...J'ai 24h pour te commander à ma guise...Intéressant mais ensuite ? Que projettes-tu de faire de moi ?"

Elle n'était pas née de la dernière pluie, ce Zephiro, démon qui plus est, n'était pas venu ici pour jouer simplement à se faire commander.

- "Je te préviens, je suis résolue à ne pas répondre à tes questions tant que tu n'auras pas répondu aux miennes, charmant démon ".
fit-elle en enroulant une de ses mèches sanguines autour de ses doigts.

- "Et sache que, tu te trompes, mon monde n'a rien d'extraordinaire. Pour ce que j'en sais, je dirais plutôt qu' il est fade et incolore..."

Zephiro sourit de toute ses dents et se ré-agenouilla aux côtés de l'Humaine.

"Tu es trop subjective, April... Quand on a vu beaucoup de Mondes, on sait à quoi s'en tenir. Votre Monde est énigmatique : vous êtes une des rare espèce capable de s'autodétruire." fit-il doucement.

Il ria légèrement.

"Ensuite, pour ce que je compte faire de toi au bout de ces 24 petites heures, cela ne dépend que du lieu, de mon humeur et de notre relation à ce moment. Mais je ne te promets rien. Si je ne t'ai pas violée, c'est parce que j'ai trouvé quelqu'un avant toi."

Bon, c'était direct, certes. Mais il avait dit ça avec tant de calme...
Et il lui obéirait 24h, c'était quand même un avantage. Elle n'allait pas le fuir. Pas tout de suite au moins.

Elle se leva et marcha le long de la terrasse, agacée par sa propre espèce.

- S'autodétruire, oui, on en est capable ! C'est même une de nos principales caractéristiques, si tu veux savoir. Une poignée d'êtres méprisables, égoïstes, conformistes, voilà ce que sont les humains. Je ne veux pas ce monde. Il ne m'a jamais intéressée. Je suis sans doute catégorique mais j'ai décidé d'ignorer les autres humains. Je ne sais pas d'où cette pensée me vient. Mais vois-tu j'ai goûté à tout ce après quoi ce monde peut courir et je te l'affirme tout ça n'est que du vent et n'en vaut pas la peine. Rien, plus rien n'a de goût pour moi sur cette Terre. Je ne rêve que de la quitter.

Ensuite, Zephiro répondit à sa question sur les intentions qu'il avait à son égard.

April resta interdite un instant.

* Violée ? Carrément ?! Bon d'accord, je vois le genre de type. Je ne veux même pas savoir qui a été et ce qu'est devenue sa précédente victime...*

C'était très étrange, ce Zephiro, elle le savait maintenant était le Mal incarné, mais elle aimait la perspective d'autres mondes et d'autres formes d'êtres vivantes. Il ne la fascinait pas pour celui qu'il était mais plutôt pour ce qu'il était.

Elle ne méprisa pas ce démon pour autant. C'était un fait, déjà en faisant de l'escalade à haute altitude, elle s'en était rendue compte : elle adorait flirter avec la mort.

La sensation de peur ne l'avais jamais autant gênée que stimuler et il n'était pas rare qu'elle se regarde parfois des films d'horreur seule dans la grande maison vide, la nuit. Elle aimait l'adrénaline et sentir la frontière evanescente entre le clair et l'obscur...

Elle posa une main sur l'épaule de Zephiro.

- Comme je te l'ai dit, je n'ai rien à perdre.

Elle sourit , sa lèvre se soulevant en coin et lui adressa un regard...entendu.

- Par ailleurs, je ne suis pas du genre à fuir devant la nouveauté - quelle qu'elle soit...- elle effleura du doigt une des oreilles pointues du démon écarlate.
Si tu veux tenter une quelconque expérience, tu n'as qu'à demander.

Elle avait déjà pas mal testé avec ses ex-petits amis ce que ce monde disait meilleur que tout. Elle n'avait pas détesté mais pas spécialement aimé non plus. Comme beaucoup de choses qu'elle avait essayé. Elle avait trouvé le sexe assez banal en fin de compte comparé à la place qu'on lui donnait.

Encore une fois, ça n'était pas assez. Elle voulait davantage. C'était le gros problème d'April, elle voulait toujours plus.

Jusqu'à jouer avec le feu (en personne) ? Il semblerait bien...

Cette gamine aimait jouer... C'était bien. Le contact entre le peau de l'Humain et la sienne lui donna une léger frisson. Un sourire carnassier se dessina sur se lèvres.

"Je peux te faire vivre des choses dont tu ne soupçonne même pas l'existance. Le pire comme le meilleur. Un subtil mélange entre l'extase et la douleur." Ses yeux pétillèrent. "Une montée au Septième Ciel accompagnée d'une descente en Enfer."

Il recula légèrement sa tête.

"Mais pas maintenant, nous avons encore le temps."

Et il n'en avait pas l'envie. Pas maintenant. Dans un sens ça serait trop simple... Il aurait souhaité qu'elle se débatte un peu plus. Bon, ils n'y étaient pas encore, elle ne savait pas encore ce que c'était réellement.

"Tu hais ce Monde..."

Ses yeux sang plongèrent violemment dans ceux de l'Humaine, comme s'il la sondait.

"N'as tu jamais souhaité voir quelqu'un mourire ?"

Ou souffrir, c'était la même chose...
Le regard du Démon était étincellant, on avait l'impression que le rouge de ses yeux était fait de sang véritable, le sang de toute ses victimes.